Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

 «Escargots»

Bonjour

Une journée très calme, hier, sans le moindre brin de zéphyr. l'humidité qui a fait son retour le printemps dernier a organisé le retour en grâce  des limaces et des escargots. Les premières victimes de ces gastéropodes sont les fraisiers. Ces malheureux akènes sont déjà investis par de minuscules limaces noires. Ces pauvres fruits n'ont même pas réussi à développer leur merveilleux parfum. Une autre plante qui représente un met de choix pour tous ces baveux, ce sont tous les sujets de la grande famille des oeillets d'Inde. Au petit matin les feuilles de ces astéracées sont couvertes de la trace brillante que ces mollusques nous laissent en guise de remerciements pour les fructueuses agapes que nous leur avons offert. Sans faire usage des munitions bleues de l'anti-limace,il suffit de rechercher dans le voisinage de la plante boulottée, pour débusquer le coupable limaçon en train de digérer vos plantations préférées. Opération d'autant plus facile si les plantes sont cultivées en jardinières qu'il suffit alors de soulever pour dénicher la vorace bette à corne.  En ce qui concerne les escargots, on peut les ramasser et après dégorgement les transformer en plat de fête garnis des coquilles fourrées de beurre, d'ail et de persil. Même les petits gris de nos jardins se prêtent à cette opération. Beaucoup moins cossus que les gros bourgognes, leur chair est plus fine, plus délicate. Déjà en septembre 2013, nous avions ramassé de nombreux bourgognes. Les jours de pluie sont très favorables aux escargots. Après cette période humide, nos bêtes à cornes peuvent revivre de nouvelles aventures. En 2013 on en a ramassé un grand nombre en peu de temps.
De nos jours, on ne voit pratiquement plus d'amateurs d'escargots dans nos campagnes.
Est-ce la réglementation qui décourage les chercheurs? Il y a encore 40 ans, ils étaient nombreux les chasseurs d'escargots. On envoyait surtout les enfants dans la campagne à la recherche de ces petits mollusques. Et pourtant il subsiste encore de nombreux coins à bourgognes dans notre région. Il faut marcher longuement dans la campagne pour les trouver. Des spécialistes soi-disants éclairés ont déclaré que la race des escargots de Bourgogne avait disparu de notre territoire. Comme il reste encore de nombreux petits coins sauvages incultivables, nos petits baveux y coulent des jours heureux au fond de leurs coquilles à l'allure hélicoïdale. Mais force nous est de constater, maintenant, que notre campagne est vide de ses habitants. Seuls les tracteurs sillonnent les chemins campagnards et les pièces de céréales. Autrefois on allait aux champignons, aux pissenlits, aux fraises, aux mures, aux framboises, aux myrtilles,  aux noisettes, aux noix, aux châtaignes et aux escargots.... Et j'en oublie certainement... La pêche à la grenouille par exemple... Ou le glanage, une fois la récolte engrangée.  Les gens serait-ils devenus fainéants?  Non! Les gens ne sont pas devenus fainéants, contrairement aux affirmations de  notre Président, mais la campagne s'est radicalement transformée, et ses nouveaux habitants, aussi. L'exploitation massive des terres agricoles, oblige les agriculteurs à mettre en valeur toutes ces petites parcelles abandonnées, depuis toujours à la nature. Donc beaucoup moins de petits bosquets, de grands ronciers, de haies défensives, qui sont le lieu de prédilection de toute cette petite vie sauvage. Mais on ne peut, dans le même temps reprocher aux professionnels de l'agriculture de détruire la vie sauvage et leur demander ensuite que leurs exploitations soient les plus efficaces, les plus performantes. Les surfaces agricoles reculant chaque année devant le bétonnage des zones urbaines et l'avidité scélérate des promoteurs, les agriculteurs sont bien obligés de mettre en valeur les moindres parcelles, jusqu'alors, délaissées et abandonnées à la prolifération de la vie sauvage. Ceci est une réalité économique. Que penserait-on de nos agriculteurs, déjà gravement accablés par les effets de la crise, s'ils n'avaient le souci quotidien, de mettre  en valeur et de préserver, cet outil de travail que constitue le domaine agricole et la nature? 

Bon dimanche