Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

«Limaçons» 

   Bonjour

En fin de journée l'allure du ciel devient menaçant. De noirs et gros nuages viennent nous rafraîchir d'une ondée à caractère orageux. Comme cela se passe pendant le repas du soir, nous avons pu travailler au jardin une grande partie de la journée. Je remarque cette fois l'arrivée massive des mollusques dans toutes les parties du jardin. Les escargots que l'on trouve un peu partout se sont dépêchés de compléter l'entrée de leur coquille par un agencement calcaire de consistance un peu molle. Ils ont, eux aussi, été surpris par ce renversement du climat en ce printemps de nature hivernal. Dans les planches de fraises, de minuscules limaces noires se sont confortablement installées au plus profond des akènes rouges et sucrés, tant adorés des enfants. On pourrait croire que ces créatures baveuses, tels des bernard-l'hermites, ont décidé de faire leur logis de ce fruit si appétissant. Malheureusement ces écervelées boulottent toute la structure de leur éphémère domicile. Le fraisier peu soucieux d'héberger ces squatters et par dépit, transforment en pourriture rougeâtre ces bonbons encore gorgés de sucre et de parfum, qui vont finir dans le gésier de quelque gallinacée. Ces minuscules limaces, longues de quatre à cinq millimètres, auront atteint rapidement la taille adulte après s'être goinfrées de toutes nos productions légumières et de nos chers œillets d'Inde, leur met favori. Il va falloir contre-attaquer manu militari, non pas avec les traditionnels petits granulés bleus, relégués au grenier des substances nocives pour notre environnement, mais après avoir parsemé nos cultures de fruits rouges avec des paillettes de lin. Cela tombe à point, j'en possède encore un demi sac. D'ordinaire je m'en sert pour confectionner une confortable litière dans les pondoirs de mes «Cocottes». Maintenant ce sous-produit de la culture du lin va transformer le sol de mes planches de fraises en terrain impraticable pour ces mollusques indélicats. Tout occupés à sécréter un mucus destiné à faciliter la glisse, ces limaçons ne s'occuperont plus du tout du produit des planches de mes fraisiers. Cela est fort amusant de voir les embardées exécutées par ces malheureuses pour se dépêtrer de cette matière pailleuse et irritante. Même punition pour les escargots, infâmes gastéropodes, qui montent à l'assaut de mes plus belles roses-d'Inde. En plus, ce paillage protège les fraises des salissures occasionnées par les fréquentes pluies de ces jours derniers. Hier soir à la tombée de la nuit, nouvel orage. Bruit de tonnerre, mais pas de pluie. Des éclairs bleus et aussi des lueurs rouges. Serait-ce un nouveau type d'orage? Le réchauffement climatique nous  réserverait-il de nouvelles calamités, de nouveaux dérèglements? Mais non, rien de calamiteux, mais j'avais oublié que ce dimanche c'est la fête au village. La municipalité en profite alors pour illuminer le ciel de fusées scintillantes, pacifiques et tonitruantes. Oh la belle bleue!   

Bon dimanche