Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

 «Pondeuses»

Bonjour

Temps très doux, cette nuit. La journée d'hier a consisté à effectuer un dernier toilettage avant l'hiver. Il faut débarrasser les serres des derniers pieds de tomates devenus improductifs. Du coté des plate-bandes, il y a encore quelques menus tailles à effectuer sur les arbustes. Dans les massifs, inutile de ramasser les feuilles que nous adressent chaque automne, avec nostalgie, et en guise d'au revoir, les grands arbres qui prospèrent au dessus de  ces plantations. Sur le pavage c'est la corvée annuelle; il faut absolument débarrasser et ramasser toutes ces feuilles aux couleurs de l'automne. Des feuilles mortes collées au sol par l'humidité, qui représentent une patinoire préjudiciable à la bonne santé des  piétons. Dans le potager, après avoir nettoyé les parcelles qui n'hébergent plus de légumes, on sème de la mâche; plus pour occuper le terrain plutôt que d'espérer une récolte de cette petite salade, pourtant si délicieuse pendant les journées de frimas. Il faudra, cet hiver, beaucoup de douces journées pour espérer se confectionner une bonne salade, avant le printemps. Car à cette période la mâche monte à graine et perd toute sa saveur. Tous ces travaux génèrent beaucoup de déchets. Déchets qui finissent invariablement sur la table de mes pondeuses. Elles ne manquent pas d'activité et délaissent le bain de poussière. Il faut rassasier jabots et gésiers avant de s'adonner au soins de beauté, même si on ne pond plus qu'un œuf par jour. Après tout ce travail, nos pondeuses tombent de sommeil.Façon de causer me direz-vous, car il va falloir encore escalader les perchoirs, souvent installés trop haut pour ces volatiles. J'imagine, en ce moment, au petit matin, les poules dans le poulailler, encore toutes serrées les unes contre les autres, les plumes gonflées pour préserver leur chaleur intime. Les rivalités de perchoir sont laissées de coté pour un temps. Tous les soirs c'est un cérémonial bruyant qui se répète. On peut entendre les  caquètements  courroucés de celles qui se sont fait déloger de leur perchoir jugé trop ostentatoire par quelques concurrentes plus jeunes et plus habiles. Il existe aussi parmi les gallinacés une hiérarchie immuable qui se fait respecter à coup de bec sur la crête bien rouge et très sensible des pondeuses.  Si l'obscurité a fini par remplir cette nouvelle nuit qui s'annonce, les imprudentes et les retardataires resteront au sol jusqu'au petit matin, s'offrant ainsi à l'appétit d'éventuels prédateurs. Depuis qu'ils ont réussi à surmonter l'épidémie de rage, les renards sont redevenus coutumiers de notre paysage de plaine. Il est vrai que dans ce travail sanitaire, nous les avons beaucoup aidés. Certains esprits avisés déplorent déjà leur trop grand nombre dans nos campagnes. Mais comme le chante Nolwen, les loups les renards et les belettes ne se contenteront pas de chanter, mais de s'offrir une bonne poule au pot, à nos dépends. Rigolez pas, il a déjà été signalé quelques loups au plus profond des forêts de notre département Isarien. C'est pourquoi les plus hauts perchoirs sont très recherchés et très convoités  Hier, j'ai recouvert le parcourt des poules au moyen de plusieurs dizaines de kilos de paille fraîche. Les poules retournent inlassablement cette nouvelle litière, en espérant découvrir quelques menues graines épargnées par la moissonneuse et gorgées de ce gluten, tant décrié actuellement. Ce travail de recherche oblige nos gallinacées à se remuer continuellement dans cette atmosphère d'humidité et de fraîcheur. Une activité sportive pas forcément efficace pour la ponte en cette période d' automne, mais très bonne pour le moral.

Bonne journée