Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

«Un printemps, fou, fou, fou»

 Bonjour

Dimanche pâle et blafard. La morosité gagne aussi le climat. Y aurait-il aussi un virus qui aurait infecté ce climat? Récemment notre printemps vient de perdre les pédales. Il marche à coté de ses pompes, comme on dit dans les milieux autorisés. Il nous avait habitué depuis longtemps à ces frasques printanières ou à ces farces dignes d'un premier avril. Un mois d'avril qui peut être tout beau ou tout mauvais, tout chaud ou tout frais. Mais passer en quelques heures de 26 degrés à une poignée de degrés en dessous de zéro, cela devient bouffon. Pour honorer le retour de Seigneur Printemps, la végétation s'était refaite une beauté, revêtu ses plus beaux atours, enfilé ses plus riches tuniques, paré de ses plus beaux joyaux; peine perdu, Messire Printemps l'a trahi. Aurait-il vendu son âme à quelques Méphistophélès, lui aussi? Y aurait-il diablerie dans tout cela? Ma bonne Dame! Il faut revenir sur le désastre qui touche le monde agricole. Virus, vaccins et gelées sont en première ligne de l'actualité. J'ai remarqué dans mon jardin que certains pissenlits, certainement trop présomptueux, avaient perdu une partie de leur feuillage si bien  dentelé. Pas question pour eux, pour l'instant, de développer cette magnifique floraison jaune, dont autrefois, nous confions aux vents, les graines en forme d'akène coiffées d'un pappus si léger. Les hortensias si solides d'ordinaire, dont les curés avaient investi de la lourde charge de décorer les abords des très nombreuses églises de nos campagnes. Hé bien, ces hortensia n'ont plus qu'une espèce de carapace brunâtre en guise de feuillage. Espérons, quand même, q'ils vont se ressaisir, d'ici l'été prochain. Heureusement que les pommes de terre, tubercules doués d'une grande sagesse, se sont rapidement terrées sous quelques centimètres de bon et fertile compost, en attendant la fin de ce bombardement de mauvaises et glaciales nouvelles. Les rosiers, eux aussi, vont laisser quelques plumes, dans cette bataille d'arrière-garde, d'un hiver qui n'a pas encore commencé sa retraite. Mais gageons que ces nobles ronciers feront bien vite la nique à ce printemps félon en restaurant ce feuillage noirci par le froid. Et qu'en est-il du coté des cerises? Le temps des cerises serait-il lui aussi, compromis? Difficile de se faire une opinion pour l'instant. Printemps! Printemps! Qu'as-tu fait de tes senteurs paradisiaques, du bruissement des insectes, du chant des oiseaux et de la magie de cette nature toute reverdissante?          

Bonne semaine et halte au virus!.

 Les carnets de Jules Hostouley