Bonjour à tous Belle journée
21°C hier! Quelle chute et plus du tout de soleil. La plaine est triste. On va pouvoir parler de l'époque des batteuses; une époque où les champs sont déchaumés. Dans les villages on voyait, alors, passer un attelage fort surprenant. Un très gros et très puissant tracteur, remorquant une grosse batteuse, suivie de la presse à paille, démesurément longue et une remorque à 2 roues qui fermait le convoi. Immédiatement, devant ce spectacle bruyant et fumant, nous cherchions à savoir quelle ferme allait accueillir la batteuse. Car cela allait le plus souvent durer toute la journée, tant la récolte engrangée dans les tasseries, était abondante. On entendait, alors, toute la journée le gros rond-rond du batteur de la batteuse. Un ronronnement qui devenait entêtant à la longue. On avait ôté le capot qui protégeait le gros volant du tracteur; une immense courroie reliait le tracteur à la grosse poulie de la batteuse; d’autres courroies reliaient les poulies de la presse à paille. Il fallait un personnel considérable pour faire fonctionner tout cela. Certains parlent qu'il fallait embaucher pour la journée au moins une quinzaine de personnes. Dans les tasseries, cette fois se sont des hommes qui dirigent les gerbes vers le haut de la batteuse; il fait moins chaud sous les toitures d'ardoises. Avant que la gerbe ne soit avalée par la batteuse, un commis coupe la ficelle et 2 autres veillent à la bonne répartition de ce chaume qui n'a pas encore craché son grain. À l'autre bout de la batteuse, sort alors, la paille séparée de ses épis; une paille qui va être dirigée vers la presse. Une presse qui va fabriquer de gros ballots très compacts. Des ballots qu'il va falloir stocker immédiatement. Là aussi beaucoup de monde s'active avec rapidité et efficacité; car la machine n'attend pas. Et le grain, me direz-vous, que devient-il dans tout çà. Hé bien, il faut aller voir à l'avant de la batteuse; là où des goulottes délivre le grain nouvellement battu et séparé de la balle et de ses poussières. De gros sacs de toiles en jute se gonflent de joie, à l'idée d'accueillir ce qui composera bientôt notre pain quotidien. Â ce poste beaucoup de monde, car il faut débarrasser, rapidement, chaque sac plein de près de 100 kg de cet or issu de la moisson. Pour cela 2 solides gaillards soulèvent chaque sac et le déposent sur le dos d'un troisième, souvent maigrichon, qui repart avec ce chargement en cahotant et même parfois, en fin de journée, en titubant, tant il a fallu tout au long de ce jour, faire usage de cette potion magique (Calva). Les conditions de travail étaient effroyables pendant ces journées dans la poussière, la chaleur et la sueur. Cette journée étaient souvent dramatique pour la population des rongeurs qui squattaient, depuis la moisson, cette fabuleuse réserve de nourritures. Tous les chiens et les chats du quartier, indifférents à tous ce bruit, à toute cette agitation, se ruaient sur ces individus qui atteignaient parfois la taille d'un chat, tant ils s'étaient, malhonnêtement engraissés aux dépends des moissonneurs. Au soir de cette rude journée, les employés se voyaient convier à partager le repas des fermiers, dans la même ambiance que le jour des moissons. C'était vraiment une longue histoire et une grande entreprise que le temps de ces moissons. Aujourd'hui, la récolte a toujours ce caractère très important et même, je dirai mythique, mais seuls trois ou quatre personnes suffisent pour réaliser la même somme de travail, sur une seule journée.
Bonne journée.
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