Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

« ché Guernoules »

Bonjour

En ce moment, cette nuit, la tempête a fait rage, avec son cortège de pluie et de bourrasque. C'est  au moins la troisième  tempête depuis le début de l'année. Cela nous amène à méditer sur un temps qui n'est pas si ancien. Un temps d'avant le réchauffement climatique. Retour sur un temps plus humide. C’est la fête à la Grenouille chantait on autrefois. C’était autrefois, car les grenouilles ont l’air d’avoir disparues  de nos potagers. Elles faisaient crier et sursauter les filles, qui sentaient la caresse glacée du batracien sur leurs jambes. Les crapauds à la frimousse assez hideuse ont eux aussi disparus du paysage. Souvent aux abords des abreuvoirs destinés aux ruminants on pouvait attraper une salamandre, à la peau noire toute éclaboussée  de taches jaune d'or. Le chant rauque de ces amphibiens a lui aussi disparu de nos mares abreuvoirs nichées dans les pâtures verdoyantes, à l’herbe grasse, provendes de fourrages généreux et blonds. Un chant rauque souvent mêlés aux rires d’enfants. Mais les pâtures ont été labourées, les mares asséchées, les vaches laitières, hôtes paisibles de nos prairies, débitées en morceaux à braiser. Les batraciens d’émeraudes vêtus, se sont tous, tus et cachés sous les nénuphars. Du coup  « ché Guernoules », comme on disait en patois, en Picardie, ont déménagé vers des zones plus marécageuses, plus humides, plus sereines et moins polluées. Et maintenant, la chasse aux insectes est ouverte toute l’année aux abords de nos jardins avec une grande débauche de produits chlorés, très néfastes pour notre métabolisme. Sur un plan plus général, les nombreux marécages et autres marais ont été asséchés et bétonnés par quelques promoteurs toujours avides de profits personnels, plutôt que soucieux du bien commun. Depuis à chaque pluie les routes sont inondées, car bitumes et goudrons sont des revêtements totalement imperméables. «Les Enfants Du Marais» sont un réquisitoire sans concession contre les agissements de tous ces affairistes sans scrupule. Depuis ce ne sont que catastrophes climatiques en tout genre. Notre planète est bien malade. Nous aussi. Tout le monde en a pris conscience, maintenant. Vertes petites reinettes! Où sont passées les petites larves à la queue chevrotante que nous capturions et emprisonnions, au moment des vacances, dans des pots à confiture, déchus de leur rôle ?

Bonne journée

 Encore une qui a déserté nos jardin