• «Bouturez le troène!»

     

         Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

           

    «Bouturez le troène!»

    Bonjour 

    Belle journée calme sans vent durant la journée d'hier. On en a profité pour préparer la plantation des pommes de terre. Car le printemps est là dans huit jours. J'ai retiré la couche de paille, que j'ai transporté sur le parcourt des volailles. Ensuite j'ai apporté un peu d'engrais organique et bio. Enfin j'ai étalé le fumier que j'avais transporté au début de l'hiver. Cette parcelle avait reçu 3 cultures durant l'année 2023. Une plantation de fèves sur 4 routes, suivie d'une culture de haricots verts et enfin d'un repiquage de mâche qui a fourni de nombreuses salades pendant  cet hiver. C'est considéré comme une erreur de planter successivement deux variétés de la même famille botanique; mais par manque de place, je ne pouvais pas faire autrement. Les fèves et les haricots appartiennent tout  deux à la famille des fabacées. Si vous avez un terrain neuf que vous n'avez pas encore aménagé, plantez y des pommes de terre. Ces tubercules ont la réputation d'étouffer les mauvaises herbes par la grande taille de leur feuillage. Un feuillage qui porte le nom de fanes de pomme de terre. En attendant, d'ici 3 mois vous récolterez de magnifiques et délicieuses pommes de terre nouvelles. Pour une cagette de 100 plants, prévoyez une surface de 25m². Plantez une variété hâtive, car les variétés tardives demandent deux mois de plus de culture. N'oubliez pas de traiter contre le mildiou. Pour poursuivre l'aménagement d'un terrain neuf, il faut souvent prévoir de planter des haies. Pour cet usage, on peut facilement entreprendre des boutures de différentes essences. En ce moment le sol est humide et l'enracinement ne pose pas de problème de sécheresse. Les grandes époques du bouturage sont : mai/juin; Juillet/août et octobre/novembre. La bouture la plus facile que j'ai eu à pratiquer, est la bouture de troène. Comme je voulais composer mes nouvelles haies avec des arbustes originaires de nos régions, dans la fin des années 70, je ne sacrifiais à la mode des thuyas que sur 2 cotés de mon jardin. N'étant pas sûr de la réussite de ma future haie champêtre, que je désirais implanter sur cinquante mètres sur le coté du chemin de plaine, je préférais, par sécurité, recourir aux thuyas. Je sacrifiais donc à la mode de l'époque. Sur le quatrième coté, une belle haie de troènes, d'un âge canonique, s'étalait majestueusement sur quatre mètres de largeur. Celle-ci ayant été laissée à l'abandon pendant des décennies, était devenue littéralement obèse. Donc je prélevais, durant l'automne, dans cette haie, une grosse quantité de rameaux destinés à être bouturés. Le troène reprend très facilement et procure déjà au printemps des plants capables de supporter la transplantation. À l'époque le troène était très mal vu en termes de haie, car il perdait une partie de ses feuilles en hiver. Cela arrivait, effectivement, durant certains hivers. L'hiver de 1982, par exemple, fut particulièrement froid. Privé de courant et de chauffage pendant quatre jours, nous avons enregistré une température de - 23°C à l'extérieur. Seuls les congélateurs situés dans un bâtiment extérieur et privés de courant, se satisfaisaient largement de cette catastrophe climatique. Il y a eu une gigantesque panne de courant dans la région parisienne, car il s'était mis à pleuvoir dans cette région sur un sol très gelé. Résultat, même les gigantesques pylônes de la très haute tension, n'ont pu résister et se sont effondrés sous le poids du givre. Dans la plaine, devant chez nous, les pylônes de la moyenne tension étaient pour la plupart, cassés comme des allumettes. EDF, a alors mis en place de gros groupes électrogènes, afin que nous puissions disposer de courant électrique pendant quelques heures. Donc au printemps la haie de troène était devenue transparente, quasi inexistante. C'est ce défaut pour certains, qui fit préférer l'implantation massive des thuyas, à cette époque. Mais depuis, les hivers doux ont supplanté ces rudes hivers et le thuya, ayant lui aussi, démontré ses lacunes, est tombé en disgrâce. Le bupreste et la mauvaise presse organisée par les écologistes achevèrent de mettre à bas la réputation du thuya. j'avais à l'époque acheté par correspondance (Internet n'existait pas encore) de nombreux plants de thuya occidentalis à racines nues. Cette variété de thuya gardait ses feuilles pendant l'hiver, mais son feuillage devenait brun et reprenait sa couleur originelle au printemps. Revenons, si vous le voulez bien, à notre haie de troènes. Pour constituer ma nouvelle haie, il me fallait beaucoup de plants. Celle-ci ayant une longueur de plus de cinquante mètres, faut pas rêver, ne serait pas installée en quelques heures. Il fallait prévoir la multiplication des plants les plus usuels et l'achat éventuel des plus délicats. Une autre variété de troène dont j'ai entrepris la multiplication, est une variété jaune : Le troène doré. Une variété qui met de la couleur dans une haie champêtre. Ces feuilles sont jaunes léchées de petites flammèches vertes. S'il juge que sa situation manque un peu de soleil, ce troène change l'aspect de ses feuilles qui redeviennent vert très clair, un vert «Fluo». Depuis la composition de ma haie, j'en ai fait des boutures pour constituer des sujets isolés; taillés en boule ou en ovale avec une allure très proche du naturel. Très facile à tailler, on doit quand même les rabattre trois fois par an, depuis que le climat a changé. Comme j'avais dans le milieu de mon terrain, une haie de troènes ordinaires, d'une longueur d'une vingtaine de mètres et avec des proportions gigantesques, cette haie étant devenue inutile de par son emplacement, j'ai entrepris de la déplacer pour constituer la nouvelle haie. À l'aide de la barre à mine, il fallut déterrer chaque pied et les transporter à l'emplacement de la nouvelle haie. Ces troènes ayant un âge probablement séculaire, pesaient plus de cinquante kilos par exemplaire. Pas un seul pied ne souffrit de ce voyage. Il faut dire que le troène est un dur à cuir. L'année d'après, mes différentes boutures de troènes, prirent leur place parmi ces géants, à intervalles réguliers. Dans le même temps j'avais entrepris des boutures de buis. Des boutures faciles, elles aussi, mais de croissance très longue. Ces boutures ne devaient pas vraiment servir à confectionner des haies, mais allaient constituer des sujets en isolés. Là aussi, ces arbustes sont taillés en boules ou en ovales. Le buis, c'est bien connu, pousse très lentement et se contente d'une seule taille par an. C'est ce qui a fait l'objet de sa redécouverte par le public, lassé de subir le spectacle répétitif des ces haies tirées au cordeau et dont la taille nécessite des moyens supérieurs à la simple cisaille à haie. Des haies que les écologistes ont qualifiées de «béton vert», par analogie aux grands ensembles de banlieue, qui ont fini par constituer ces zones de non-droit, fustigées et dénoncées par la police, qui se tient pourtant à l'écart de ces lieux de délinquance. Le buis qui avait une silhouette très passéiste auprès de beaucoup de gens, a reconquit la faveur du public pour plusieurs raisons. D'abord la taille des nouveaux jardins a diminuée. Ensuite l'entretien des conifères réputés toujours verts (Atrovirens) a rapidement lassés les nouveaux propriétaires de tous ces lotissements, que les promoteurs ont proposés aux futurs accédants à la propriété. Ensuite, et c'est certainement la plus importante, la mode du topiaire, remise au gout du jour par les stylistes et les professionnels, est entrée en adéquation avec les nouvelles aspirations du public. J'ai aussi des troènes dorés, des loniceras nitida et des charmes. Au fil des années j'ai éliminé les haies de thuyas. Deux haies de plus de trente mètres de long qui ont été remplacées, pour l'une par une haie dite «champêtre», pour l'autre par une palissade en bois; plus facile à tondre. J'ai gardé symboliquement un seul pied de thuya. Quand nous sommes arrivés dans cette nouvelle maison, les clôtures se résumaient à des barrages en fil de fer et à des haies de troènes très mal entretenues. La haie mitoyenne faisait 4 mètres de large. On l'a ramenée à 50 cm de large; le troène supporte très bien cette chirurgie, pas le thuya, car il dépérit par son centre. Dans mes nouvelles haies champêtres, j'y ai établi des plants de houx et de noisetiers, dont j'avais préalablement, quelques années auparavant, fait des boutures. On trouve très facilement ces deux arbustes dans les bois environnants. Prélevés avec soin ces très jeunes plants étaient  momentanément plantés en pépinière. L'année d'après, ils rejoignaient les troènes de ma nouvelle haie. J’y ai aussi adjoint des plants de charmes et de hêtres que j'avais aussi subtilisés dans les bois environnants. J’avais aussi commandé en jardinerie des noisetiers pourpres et des hêtres pourpres pour donner de la couleur à cette haie. Dans le même esprit, j'y incorporais des ribes de couleur rose, des troènes dorés de couleur jaune et des forsythias de la même couleur; tous issus de mes boutures. À l'époque j'étais un précurseur, car tout le monde plantait du thuya; le troène étant considéré, par chacun, comme «ringard». Nos anciens, qui ne disposaient que de ciseaux à tondre, ne s'amusaient pas à planter des thuyas en guise de haie, dans leur jardin d'ornement. Ils retenaient toujours pour cet usage, le troène taillé au cordeau sur une faible hauteur. Comme cela se passait principalement à la campagne, dans des exploitations agricoles, ils connaissaient la difficulté à entretenir ces haies dites «défensives»; défensives au bétail, et non, comme aujourd'hui, au regard des voisins. Ces haies étaient très souvent composées d'épines et de houx et aussi de toutes sortes d'essences un peu disparates; car beaucoup d'entre elles, avaient plus d'un siècle; la taille des têtards qui en composaient la base, témoignait du grand âge de ces haies, qui pouvaient faire une dizaine de mètres de haut.

     

    Bon dimanche

      Du noisetier pourpre, des ribes roses et du troène doré composent cette haie

     Un troène doré taillé en boule

     

     

     

    Hêtres et charmes ont gardé, tout l'hiver, leur feuillage doré de l'automne.

    Ceux-ci éjecteront dans quelques semaines, ce pelage devenu obsolète.

    Ils feront cela quand le printemps aura vraiment bien installé tous ses atours, ses senteurs et ses couleurs

    On appelle cela un feuillage marcescent

     

    « «Pelouses & gazons»«Le Spathe du Zantedeschias» »
    Yahoo! Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :