Journal Ordinaire D'Un Jardinier Ordinaire

 «Les Bouleaux»

Bonjour

La tempête fait rage au dehors avec son cortège de pluie et de froid. Avant-hier petite accalmie dans cette turbulente turbulence. Hier la rédaction de ce petit article a été interrompue par une panne de courant. Pour une fois la tempête n'y était pour rien. Un engin agricole a fait chuter un poteau de moyenne tension. Reprenons notre conversation là où la disparition de l'électricité nous y avait laissé. Donc, certains se lancent à la recherche du temps perdu. Plus précisément de l'anticyclone disparu. Dans ces périodes agitées, ce sont mes bouleaux qui se plient sous la bourrasque tels les roseaux du fabuliste. Etant nés à l'ombre des oliviers et des palmiers et venant débarquer dans les Hauts de France, j'ai préféré planter des arbres bien adaptés à la Picardie. Les pommiers et les bouleaux sont les principales essences sur mon jardin. Les uns nous récompensent bon an mal an de fruits délicieux, les autres nous offrent leur ombre rafraîchissante qui laissent passer les rayons du soleil les plus bienveillants. Le bouleau est le dernier arbre à feuilles caduques qui survit dans les régions les plus septentrionales de notre planète. Il symbolise un peu les forêts Sibériennes et Canadiennes. La blancheur de son écorce le distingue de ses voisins, habitants de nos forêts. Le feuillage du bouleau est particulier. Il donne une ombre rafraîchissante et une lumière tamisée. Pas du tout l'ombre opaque des platanes. C'est pourquoi je garde encore quelques exemplaires de mes bouleaux. J'ai abattu ceux devenus trop grands et trop prés de la maison ou du domaine public. Mais ce n'est pas un arbre qui craint beaucoup les tempêtes. En 1999 dans notre région on a vu beaucoup de conifères s'effondrer sur les maisons ou sur les routes. Dans les forêts, il y eut  de nombreux hêtres déracinés. Le bouleau, lui, se débarrasse à cette occasion de son bois mort et de ses branches les plus fines. On récupère ainsi un merveilleux fagot pour allumer le feu ou pour confectionner des balais nécessaires  pour véhiculer quelques faméliques et grimaçantes sorcières. Le bouleau craint plutôt le givre qui, tel un acrobate de cirque, se suspend à ses branches et à sa ramure. Comme ce surpoids peut représenter plusieurs fois le poids de l'arbre lui même, cela finit par entraîner la rupture de ses plus grosses branches. À la suite de la tempête de 1999, je me suis séparé de  mes 2 grands cèdres. Devenus trop grands et surtout trop fragiles face aux tempêtes. Les bouleaux étant débarrassés de leurs feuilles sont plus à même pour lutter contre ces tempêtes toujours plus violentes. Lorsque j'ai abattu les bouleaux devenus trop grands, j'ai pu observer la grande quantité de sève débitée par la souche de ces arbres. De gout assez neutre, cette sève possède des propriétés médicinales. Certains préparent même une sorte de limonade avec cette eau limpide. Dans les prochains jours il faudra abattre deux bouleaux trop prêts d'une ligne électrique que la commune a fait installer le long du chemin de plaine. Heureusement, il reste encore assez de bouleaux pour garantir ombre et fraîcheur. Même si ce betula n'est pas toujours facile à multiplier, au moyen de ses graines il peut s'installer dans un joint de brique, pour quelques saisons. Le bouleau une fois abattu peut tel le sphinx, ressusciter à partir de sa souche. On se trouve alors en présence d'une cépée. Propriété que les exploitants forestiers mettent en oeuvre pour régénérer une forêt qui a subit des coupes à blanc. Pratiques fortement décriées par les écologistes. Bien qu'il supporte très mal d'être planté dans les régions méridionales, cet arbre apporte de grandes qualités décoratives dans nos régions du nord. 

Bon week end