«Les douceurs de la doucette»
Bonjour
Bien qu'il fasse toujours aussi mauvais sur notre plateau du Tlelle, il va bien falloir solder les dernières plantations potagères de cet hiver finissant. Hier, sous un ciel plombé et gris, repiquage des pensées; Une quarantaine de plants à disperser un peu partout dans le jardin. Dans les serres ce sont soixante laitues qui ont été repiquées. De la «Rouge grenobloise» et d'autres variétés proposées à l'occasion des promotions de chez Leclerc. Il a été semé en barquette de 100 cubes, des salades pour le mois de mai; «Lollo Rossa» et «Frisées fine de Louviers» ainsi qu'une scarole dite de Bordeaux. C'est bientôt le printemps et le potager se doit de faire «Propre sur lui». Il faut arracher les derniers poireaux; du moins ceux qui auront résisté à la mineuse. Les derniers choux et les derniers navets; s'ils ont survécu aux gelées disparates de cet hiver complètement déjanté. Et s'il en est une qui passe allègrement l'hiver sans dommage, c'est la doucette; la mâche voulais je dire. Donc la doucette c'est la mâche , et vice-versa, une petite salade que l'on peut trouver gratuitement dans la nature. Cette année la mâche a été semée très tardivement et la plantation aurait bien besoin d'un peu d'eau. La doucette, c'est l'autre nom de la mâche. La mâche, cette salade des mauvais jours de l'hiver. Comme elle résiste très bien au froid, la mâche devient un plat de crudité précieux durant la mauvaise saison. Alors que les salades traditionnelles de l'automne, telles que les chicorées frisées et les scaroles, ont rempli leur mission et ont toutes été récoltées, les mâches offrent, alors, leurs petites rosettes et leur saveur délicate. La culture de la mâche passe pour être facile, car elle est souvent pratiquée à la suite d'une autre récolte. Comme les échalotes, oignons, ails et aussi pois, fèves et haricots de semis précoces. Semée le plus souvent en été, sa levée n'est pas toujours évidente. Sa germination peut être perturbée par les fortes chaleurs. Elle ne refusera donc pas un emplacement dans le potager qui bénéficie d'une ombre passagère pendant quelques heures dans la journée. Elle peut être semée sous le couvert d'autres plantations, comme les tomates, par exemple. Les planches des choux offriront leur ombre et leur fraîcheur qui favorisera la levée de notre doucette. On la sème sur une terre propre et fine mais seulement légèrement travaillée en surface. Le semis assez clair sera plombé, comme les semis de radis. Je l'ai souvent semé avec d'autres légumes, comme les laitues d'automne, les radis. Une fois, ces spécialités potagères récoltées, les rosettes de ces doucettes peuvent étaler leurs petites feuilles plates de saveur délicate. Je pratique aussi le semis sur cube, car en été le potager peut être embouteillé par les semis et les plantations à contre-saison pour l'automne et l'hiver. Une fois ces semis levés, en automne, je les dispose en ligne dans les parcelles du potager libérées de toute culture. Je sème aussi en serre, à la fin de l'été, car la forte chaleur des serres est néfaste à sa levée. Les hivers étant de moins en moins rigoureux, je sème une variété d'automne comme la «Mâche à grosse graine». Dans les années 50, on pouvait se procurer, en septembre/octobre, de la mâche dans les champs de céréales qui n'avaient pas encore été déchaumés. La faible mécanisation de l'agriculture de l'époque obligeait les agriculteurs à pratiquer ces travaux tout au long de l'automne. Aujourd'hui, début août, une fois la paille ramassée, après le passage des moissonneuses, d'énormes tracteurs équipés d'énormes outils, déchaument, hersent et sèment immédiatement. Début septembre les colzas sont semés, ainsi que les blés d'hiver et les escourgeons. Ainsi, toute la plaine est verte de tous ces semis qui vont venir enrichir la moisson de 2021. Mais, aujourd'hui, après tout ce remue-ménage, plus de place pour notre pauvre petite doucette. Depuis quelques années je pratique le semis en barquette si possible en serre. Un semis le plus clair possible. Pour repiquer, on ne repique surtout pas plant par plant. Travail fastidieux et pas du tout rentable Au bout de deux mois les semis en barquette auront formé un matelas de racines que l'on peut découper à la main pour garnir le sillon du repiquage dans le potager. C'est pour çà qu'il faut semer le plus clair possible. fin juillet on trouvait déjà en jardinerie du plant semé sur cube. 1 seule rosette de mâche par cube. Seuls les semoirs agricoles très perfectionnés permettent ce travail. Quand à nous quand on repique, si on trouve qu'il y a trop de plants au mètre linéaire, on peut facilement en éliminer. Et repiquer des plants en novembre, voire en décembre, est une opération très aisée; il suffit de repiquer dans le rayon, sans avoir besoin d'arroser. Depuis plusieurs années, je repique en serre la plus grande partie de mes semis de mâche en serre à cause des étés trop secs. Mais dans un hiver normal, on griffe sommairement la terre et on dépose notre plant dans le sillon. Si ce sont de bonnes variétés d'hiver, les mâches peuvent se récolter jusque fin mars. Avec 3 à 4 barquettes j'arrive à former une route de mâche. Mes routes font en général 6 mètres. Au potager comme en serre. Ce sont les maraichers professionnels qui m'ont donné l'idée de cette culture dite à " contre-saison". La mâche, avec l'endive sont les 2 seules salades que notre région nous permet de disposer en hiver.
Bon dimanche
Les carnets de Jules Hostouley
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