«Gâchis»
Bonjour
Qu'il était bon le temps des cerises. Une époque chantée et glorifiée qui évoque la joie de vivre et le bon temps. Et si cette production de drupes diverses et variées n'était pas qu'un énorme gâchis. S'il fallait quantifier le volume de fruits abandonné et heureusement récupéré par les oiseaux, on serait très impressionné par la quantité produite par nos arbres fruitiers. Beaucoup plus que les milliers de tonnes détruits par les producteurs afin de soutenir les cours. Par exemple, la plupart des grands cerisiers de plein vent peuvent produire annuellement plus de 100 kg de cerises. Bien souvent on n'en recueille que quelques kilos. Un peu par paresse, mais surtout parce que se promener dans ces grands arbres comporte quelques risques de chute. Les arbres à noyaux comme les cerisiers et les pruniers ont un bois plus fragile que les pommiers et les poiriers, par exemple. Une branche de cerisier peut très bien casser net, et sans prévenir. Certaines années nous avons fait plus de 100 bocaux de cerises avec notre grand bigarreau blanc. Même chose pour notre Mirabelle qui peut produire des dizaines de kilos, le plus souvent consommés par les poules qui habitent sous ce grand prunier. Ceci, répété chaque année, dans pratiquement toutes les propriétés de France, permet de nous faire une petite idée de ce qui n'est pas forcément du gâchis, car récupéré et consommé par tous les hôtes de la nature. Mais tous ces fruits seraient quand même mieux dans notre assiette. Car même avec de tels arbres, on doit quand même acheter des fruits. Car le temps des cerises n'est pas éternel. Les anciens qui disposaient de propriétés plus importantes que les petits jardins qui enserrent les habitations actuelles, plantaient le plus souvent de grands arbres de plein vent. Et nos anciens faisaient de belles cueillettes de fruits au bout de trois ans. Actuellement on ne plante, le plus souvent , par manque de place, que des variétés basses telles que des scions, des quenouilles, des fuseaux, des gobelets ou des demi-tiges. Ces formes fruitières actuelles peuvent donner des fruits au bout de deux ou trois ans, mais en quantité moindre que les haute-tiges. Ces petits arbres, plus bas que les haute-tiges sont plus sensibles au gelées printanières. Au printemps, en cas de gelée, le froid, très sournois, se traîne au raz du sol et détruit les tendres et faibles bourgeons pourvoyeur, en principe, de fruits parfumés et sucrés. L'année 2021 fera date en cette matière. Le verger français a été mis à mal dans la plupart des régions. En ce qui concerne les cerises, il est toujours désolant de voir le nombre de convives attablés sur l'unique et petit cerisier installé dans le jardin. Si l'on ne se dépêche pas de se servir, merles, sansonnets et autres chapardeurs ne vous laisseront que des queues de cerise, en guise de dessert. Tandis que pour dévorer tous les fruits fournis par un grand fruitier, il faudra beaucoup plus de temps. Comme l'habitat des oiseaux a été fortement réduit par l'agriculture actuelle, ces derniers viennent en grand nombre se servir sur votre petit fruitier isolé et tout seul au beau milieu de votre pelouse. Au début notre jardin comptait deux grands cerisiers conduits en haute-tige et nous fournissaient de très grosses quantités de fruits, mais la limite d'age et la maladie ont eu raison de ces grands fruitiers. J'avais, il y a quelques années pris la précaution de planter un cerisier Burlat en demi-tige, qui même cette année nous a encore fourni une belle récolte de cerises bien rouges mais peu sucrées, il faut le reconnaître. Mais il a fallu surveiller et cueillir régulièrement toutes ces drupes très appétissantes pour tous ces volatiles dont la réputation baisse quelque peu dans notre estime, durant cette époque. Les fruits sont nécessaires à notre bien être et à notre alimentation. Mais les pratiques de culture dans les vergers, développées face aux dérèglements climatiques, viennent d'atteindre leurs limites. De deux choses l'une; ou on réduit les conséquences funestes de nos modes de vie face au réchauffement climatique; ou, alors, on réforme les techniques actuelles pratiquées dans les vergers. Mais là, c'est pas gagné!
Bon week end
|